
Sans entrer dans des explications médicales avancées, cet article se veut être le plus compréhensible possible.
Ce résumé est basé, entre autres, sur l’excellente présentation du Dr Thierry Wauters du 7 octobre 2018 à l’occasion du recyclage moniteur Lifras (voir extranet Lifras). Je vous invite à la relire.
La prévalence de cet accident n’est pas négligeable : 3 déclarations d’oedème pulmonaire d’immersion (OPI) en 2023 à la Lifras ! 2 déclara-tions après une plongée bouteille et 1 déclaration au cours d’une plongée en apnée.
Cet accident est souvent méconnu, voire passé sous silence.
L’OPI se définit par la présence de liquide dans l’alvéole suite à la rupture de la barrière alvéolo-capillaire, ce qui empêche l’oxygénation normale de l’organisme. L’OPI touche principalement les sujets âgés de plus de 45 ans et hypertendus, mais survient aussi chez des sujets jeunes avec un coeur sain.
La majorité des OPI survient lors d’une plongée scaphandre (60% des cas), 30% des cas surviennent lors d’une nage en surface (tri-athlon) et 10% à la suite d’une plongée apnée (lung squeeze).
Elle est multifactorielle et complexe. Les facteurs hémodynamiques (cardiaques) et mécaniques (respiratoires) sont inter-triqués.
Insuffisance cardiaque gauche due à l’augmentation du travail de la pompe cardiaque :
- La redistribution sanguine centrale (blood shift d’environ 700ml), aggravée par la vasoconstriction périphérique due au froid, pro-voque une élévation de la pression veineuse centrale, entraînant l’augmentation du travail cardiaque et l’élévation de la pression dans la circulation pulmonaire.
- Le gradient de pression transmurale (gradient entre la pression ca-pillaire et la pression alvéolaire) s’élève et la perméabilité de la barrière alvéolo-capillaire augmente avec transsudation de liquide dans les alvéoles. C’est l’oedème pulmonaire alvéolaire.
- Lorsque la pression transmurale s’élève au-delà du seuil de résis-tance de la barrière alvéolocapillaire , les lésions peuvent aller jusqu’à la rupture de la membrane avec saignements.
Travail respiratoire accru dû :
- A la densité des gaz respirés ;
- Au bloodshift et à la pression ambiante qui rendent les mouvements pulmonaires plus difficiles ;
- Au détendeur qui augmente l’espace mort et les résistances pulmo-naires.
Facteurs augmentant les contraintes sur la membrane alvéolo-capillaire :
- L’eau froide ;
- L’effort ;
- Le stress ;
- L’âge : le vieillissement entraîne des modifications de la physiologie respiratoire ;
- L’hypertension artérielle.
- Difficultés respiratoires (dyspnée), râles bronchiques facilement audibles ;
- Toux ;
- Expectorations de sang ou de mousse rosée, suivies éventuellement d’une syncope hypoxémique ;
- Surpression pulmonaire par remontée rapide et difficultés respiratoires ;
- Décès en immersion ou en surface.
Le plus rapidement possible :
- Sortie de l’eau et dégagement complet de la combinaison .
- Oxygénation normobare à haute concentration.
- Position semi-assise.
- Vu le risque d’association avec un ADD, évacuation vers un centre hyper-bare.
En conclusion, veillez à porter une attention toute particulière aux points suivants : |
- Hypertension Artérielle : voyez votre médecin traitant ou votre car-diologue pour surveillance tensionnelle.
- Froid : protégez-vous du froid par l’utilisation d’une combinaison adaptée à la température de l’eau ou un vêtement étanche.
- Stress : ne plongez que si vous en avez envie …
- Attention aux combinaisons trop serrées en cas de prise de poids !!!
- Souplesse du détendeur : effectuez un entretien régulier.
- Efforts : si possible, évitez les efforts inconsidérés : courants, …
- Condition physique à garder ou à améliorer.
Pour le pôle sécurité
Philippe Halloin - MN 232
Référence : Dr Thierry Wauters, Recyclage Moniteur Lifras : 07/10/2018, Farde Lifras. Page 1§9
Illustrations : Dr Jacobs Daniel