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Une fois la joie de voir cette petite ligne bleue apparaître, nombreuses sont les plongeuses à avoir réalisé : 9 mois de bonheur à voir pousser ce petit être sous notre nombril implique aussi 9 mois (minimum) sans plonger !
Quelles sont les restrictions ? Pourquoi ? Grossesse et plongée sont-ils réellement incompatibles ? Nous vous offrons ici quelques éléments de réponse.
Les restrictions |
Quelles en sont les raisons ? |
« Il existe de nombreuses raisons à cette interdiction.
L’oxygène inhalé à forte pression par la mère, peut d’une part modifier le rythme cardiaque fœtal et d’autre part se révéler toxique pour le fœtus, essentiellement sur son système neurologique.
Par ailleurs, le fœtus est soumis au même risque que la mère en ce qui concerne la maladie de décompression. Chez lui, il n’y a pas de filtre pulmonaire mais un placenta. Mécaniquement, les bulles apparues dans la circulation fœtale vont s’emboliser soit dans le système artériel fœtal (via le foramen ovale perméable durant la vie utérine) provoquant l’obstruction d’une artère cérébrale ou coronaire, soit dans la chambre d’échange placentaire provoquant un infarctus à ce niveau (risque de retard de la croissance, de décollement placentaire, de mort in utero…).
Quant à la mère, les changements physiologiques induits par la grossesse diminuent ses capacités d’adaptation à la plongée. Au cours de la grossesse, la consommation d’oxygène augmente de 25%, avec augmentation proportionnelle de CO2. Pour maintenir une pression partielle en O2 stable, il y a une augmentation de la ventilation par une majoration du volume courant de 40%. Ce phénomène survient dans un contexte où l’encombrement mécanique de l’utérus diminue l’amplitude des mouvements respiratoires et la capacité pulmonaire fonctionnelle.
Enfin, il semble que le dégazage soit beaucoup plus fréquent pendant la grossesse, entre autres parce que la masse graisseuse, plus importante pendant cette période, stocke alors plus d’azote.
L’expérience corrobore ces raisons théoriques et plusieurs études parues dans les années 80 et 90 montrent un risque de malformation multiplié par 2 à 5 pour le fœtus des mères plongeuses et un risque maternel d’accident de plongée multiplié par 10. »
Dr. Jean-Luc Deville, gynécologue et plongeur 3*
MISSION POUR LA DÉLÉGUÉE DE TOUS LES GENRES - Faire modifier cette clause dans le contrat d’assurance, afin de pouvoir nager jusqu’à terme. La discussion a été lancée, nous revenons vers vous dans le prochain Hippo !
Nous allons faire un bébé, quand dois-je arrêter de plonger ? Comment poursuivre notre activité pendant la grossesse ? |
En nageant : Archimède est notre allié le plus fidèle. La natation est l’un des sports les plus doux pour le corps car l’apesanteur offerte par l’eau soulage les muscles de notre poids (parfois conséquent)
En donnant cours : Mesdames les monitrices, seules les démonstrations d’exercices avec bouteilles vous sont interdites. Expliquer, corriger, surveiller, encourager, accompagner sont encore possibles. En vous faisant assister par sécurité, rien ne vous empêche de continuer à enseigner. D’autant plus pour la théorie !
En navigant : Organiser une sortie, prendre la barre, apprendre par l’observation et profiter du soleil. La douceur du vent et l’éclat de la surface de la mer sont des cadeaux trop peu appréciés. N’hésitez pas à prendre vos affaires de snorkeling, 30 secondes d’apnée sont plus que suffisantes pour descendre profiter des premiers mètres.
Elles témoignent ! |
Je suis partie en Croatie faire de la plongée profonde en août 2019.
En septembre 2019, j’ai appris que j’étais enceinte. Quand je l’ai appris, la panique totale ! Même si le « mal » était fait, j’ai contacté un bon nombre de médecins qui évidemment, ne pouvaient rien me promettre mais que d’après les études du moment, les risques encourus par la pratique de la plongée en début de grossesse sont minimes. Des paroles pour me rassurer mais au fond de moi, je sais que le risque zéro n’existe pas. Il était prévu que je reparte en septembre au Lavandou pour plonger. Je me suis contentée de mon masque, mon tuba et mes palmes. Même en snorkeling, j’ai vu seiches et poulpes. J’ai appris qu’on prenait beaucoup plus le temps d’observer en snorkeling. Quelques mois plus tard, en janvier 2020, j’organise une sortie à Todi à laquelle je participe également. Une taille de combi au-dessus et c’est reparti pour un peu de palmage surface en accompagnant mes compagnons d’eau.
Je n’ai plus enfilé de combi après ça. Juste un peu de palmage piscine, mais j’ai continué mon rôle de chef d’école tout au long de ma grossesse. J’ai demandé aux moniteurs du club de me faire des feedbacks après chaque exercice. J’ai continué à organiser les cours, j’ai continué à organiser les examens, j’ai continué à donner des cours théoriques. J’ai continué à « animer » les examens en briefant les jurys, les candidats.
Julie Mauquoy, MF, Mérou
J’ai eu la chance d’avoir de belles grossesses durant lesquelles j’ai pu bouger pas mal, jusqu’aux derniers jours. Après les mois de confinement, quel bien fou cela faisait de participer aux sorties club pour continuer de voir les amis plongeurs et profiter de la météo clémente au bord de l’eau. Cette photo, un brin humoristique, a été prise la veille de mon accouchement ! J’aurais aussi voulu poursuivre les entrainements piscine mais entre les fermetures sanitaires et l’arrivée de mon 5ème mois de grossesse, les possibilités furent limitées. Pour une plongeuse, c’est frustrant d’être privée pour raisons d’assurances de ce moment aquatique de pure détente alors qu’il existe par ailleurs des séances de préparation à la naissance en piscine ! Alors, je me suis rendue à la piscine durant les horaires d’ouverture en journée. Avec les nombreux nageurs inattentifs qui passent dans tous les sens, j’ai trouvé cela beaucoup moins sécurisant que si cela avait été durant l’un de nos entrainements où il y a toujours un plongeur qui a un œil bienveillant sur vous.
Roxanne Drion, MC, Diodons
J’ai appris que j’étais enceinte une semaine avant de passer mon examen AM. Vu les risques, les trois premiers mois, j’ai décidé des continuer le parcours déjà entamé plusieurs mois à l’avance. J’ai réussi mon examen et ceux de ma maternité aussi.
Me voici donc enceinte et un examen avec une période de validé de 3 ans. Pas de panique, pour mon parcours d’assistant moniteur, j’ai le temps. J’ai été gentiment conseillée (merci Martine Pasque). Trois mois après mon accouchement, je me sens en forme pour reprendre mes activités subaquatiques. Je passe donc mes exercices, pédagogies avec une mini de 3 mois.
Je réussi fièrement mon « assistant moniteur » (merci à tous). Pourquoi arrêter en si bon chemin ? Mais les dates avancent à grands pas. Je me rapproche de la date de fin de validité de l’examen théorique et je commence à paniquer, en plus le covid est arrivé et mini 2 aussi. Après renseignement, je me sens soulagée car je pensais que j’allais devoir tout refaire (examen théorique) et avec 2 mini à la maison, je ne me sentais pas le courage. Heureusement, je ne devais pas tout refaire mais « seulement resuivre certains cours » si je ne réussissais pas en décembre.
Ma fille est née fin février et la validité se terminait début décembre. Je suis arrivée gonflée à bloc pour terminer mon parcours de monitrice de plongée et j’ai réussi. Avec 0 bébé au début et 2 minis à la fin, j’ai validé mon examen piscine et j’ai décroché mon joli brevet de MC. N’hésitez pas à le faire, jeunes plongeuses, jeunes mamans, ne vous bloquez pas. Tout est possible même si cela demande un peu d’organisation.
Chrystelle de Buysser, MC, EPN
Pour ma part, j’ai arrêté de plonger dès le projet d’un bébé lancé. J’ai préféré jouer la prudence afin d’être certaine de ne pas plonger en étant enceinte, même de quelques jours. Bien sûr, à chaque tentative infructueuse, j’ai rechaussé mes palmes pour une « dernière » plongée – une façon aussi de me consoler de ce bébé qui se faisait désirer. Une fois enceinte, et avec l’accord de ma gynéco, j’ai maintenu mes séances de piscine. Quel bonheur d’oublier son poids – merci Archimède ! J’ai repris la plongée environ 2 ans après mon accouchement – la covid n’a pas aidé… Mais j’ai toujours gardé contact avec le monde de la plongée, notamment en continuant à gérer les groupes Facebook de mon club, le RCAS, et de la carrière de Vodelée. Et bien sûr, mes plus proches ami.e.s sont évidemment des plong.eurs.euses, et que ce soit avec un ventre rond ou un tout petit bébé, nous finissions toujours par papoter plongée !
C’est en discutant avec Laurie à propos de cet article que j’ai appris que notre assurance ne nous couvrait pas pendant les 4 derniers mois de grossesse ! Quelle aberration, alors que le MIL (Manuel de l’Instructeur Lifras) précise bien que la natation et la nage avec palmes sont autorisées : il faudrait corriger cela !
Marie Rassart, MC, RCAS
Nous sommes un jeune couple pratiquant ensemble la plongée. Apprendre ma grossesse est la plus belle chose qui pouvait nous arriver, nous avons donc partagé notre bonheur avec nos amis plongeurs. C’est à ce moment-là, que j’ai dû me rendre à l’évidence, plus de plongée et ce pour quelques mois... Au début, le manque ne se fait pas trop ressentir, j’accompagne mon compagnon sur les divers sites et profite des infrastructures, me balade... Et jusque mon 5ème mois, je profite de la piscine durant nos entraînements. Une fois ce cap passé, et n’étant plus couverte au niveau assurance, le manque de l’eau a commencé à se faire ressentir. Ce manque d’assurance est compréhensible pour les apnées mais une femme enceinte aime se mettre dans l’eau pour ne plus sentir le poids de bébé et se détendre, et généralement ce besoin se fait ressentir vers les derniers mois.
Il me reste à présent quelques semaines avant de faire notre plus belle rencontre et de retrouver les eaux de nos carrières réchauffées. Eh oui, il y a quand même quelques avantages à être enceinte pendant l’hiver. Ma reprise se fera donc doucement cet été.
Aurélie Smet, 2*, CPF Couvin