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Une bonne hydratation : c’est vraiment important ? |
Vous savez tous qu’en plongée, avec l’augmentation de la pression, les gaz diffusent et s’accumulent dans les tissus. L’azote emmagasiné nécessite une gestion correcte de ses paramètres de plongée.
Or qu’est-ce qui permet de se débarrasser de l’excès d’azote en fin de plongée ? C’est le passage du sang dans les capillaires des poumons : par simple diffusion dans les alvéoles, l’azote excédentaire peut être expiré. Il faut donc idéalement non seulement avoir des poumons et des vaisseaux sanguins en bon état, mais aussi bénéficier d’une circulation normalement fluide du sang.
Le sang est une soupe qui se compose de liquide (le plasma) dans lequel nagent globules rouges, globules blancs, et plaquettes ; et dans lequel sont diluées diverses substances : corps gras, sucres, hormones, gaz dissouts, déchets métaboliques, etc.
Pour assurer un passage facile au travers de minuscules tuyaux, il faut éviter que cette soupe soit trop épaisse. La proportion de liquide doit être suffisante. Une bonne hydratation est nécessaire pour assurer une circulation sanguine fluide dans les capillaires pulmonaires, et permettre tant un dégazage correct de l’azote qu’une bonne oxygénation des tissus.
Un sang trop épais réduit la dissolution des gaz, freine le flux, diminue la perfusion tissulaire, et ralentit donc le dégazage de l’azote accumulé en plongée. Une hydratation insuffisante, comme tout ce qui s’oppose aux échanges gazeux, est un facteur aggravant l’accident de décompression. Une mauvaise hydratation est très fréquemment retrouvée auprès des victimes d’accident de plongée arrivant au caisson.
D’autre part, le cœur est un organe déjà fort sollicité en cours de plongée. Plus le sang devient visqueux, moins la perfusion en oxygène du muscle cardiaque est soutenue. De surcroit, plus le sang est pâteux, plus l’effort cardiaque augmente.
Une mauvaise hydratation, chez un sujet prédisposé, peut contribuer au déclenchement d’une insuffisance cardiaque, voire d’un infarctus.
Pourquoi la plongée donne soif |
Le corps humain est composé de 70% d’eau, la déshydratation est la perte substantielle d’une quantité significative de liquide corporel. La plongée - en soi - cumule une série de facteurs qui peuvent contribuer à un certain degré de déshydratation.
Toute personne qui plonge est soumise à une diurèse d’immersion. Quand on s’immerge, on se met à produire 3 à 5 fois plus d’urine. Pourquoi ? En plongée, on évolue dans une eau plus froide que soi (<37°C). Le froid provoque une vasoconstriction périphérique, déplaçant le sang vers les gros vaisseaux centraux.
De plus, la pression hydrostatique comprime l’ensemble du corps. Ces deux phénomènes contribuent à faire migrer le sang des membres vers le tronc, en particulier vers le thorax, incompressible. En plongée, environ 600 ml de sang peuvent affluer dans le réseau capillaire pulmonaire.
La pression artérielle dans les vaisseaux centraux augmente alors rapidement, provoquant une diminution de la sécrétion d’hormone anti-diurétique (ADH). Cette hyperpression centrale se ressent aussi dans les artères rénales, ce qui déclenche également une augmentation de production d’urine, et donc une perte de liquide dans le compartiment sanguin.
La pression dans le cœur droit s’accroît tout autant, et déclenche la sécrétion d’un peptide atrial natriurétique (NAP), une hormone qui augmente la diurèse, ce qui renforce la perte de fluide sanguin.
Par ailleurs, l’air de la bouteille de plongée est assez sec, ce qui occasionne une perte d’eau sous forme de vapeur dans l’air expiré. D’éventuels efforts et l’hyperventilation peuvent accentuer cette perte de liquide.
Si la plongée a lieu en été, ou dans des pays tropicaux, l’exposition au soleil provoque de la transpiration, qu’une brise agréable ou un vent du large peut rendre imperceptible, mais cette perte de fluide corporel n’est pas anodine, surtout avant de plonger.
Rajoutons pour finir quelques situations pénibles, comme les vomissements suite au mal de mer ou les diarrhées exotiques (tourista), qui finissent de déshydrater les plongeurs les plus déterminés.
Les gaffes à ne pas commettre |
Les plongées en costume sec, ou les plongées en zodiac, peuvent faire craindre de ne pas pouvoir uriner en temps utile. Cela peut inciter certains à boire peu, ce qui diminue les apports en liquide.
Il est recommandé d’éviter les boissons trop sucrées (> 8 gr / 100 ml), car elles peuvent avoir un effet qui est à l’opposé de celui qui est recherché. Pour les mêmes raisons diurétiques, il est déconseillé de consommer - entre autres - de l’alcool, du café, du thé, du coca avant ou après la plongée.
Trucs et astuces |
Être bien hydraté en plongée est primordial ! Une circulation fluide est essentielle pour obtenir une perfusion optimale et des échanges gazeux performants, nécessaires pour prévenir les accidents de plongée. Boire en sortant de l’eau après la plongée devrait être un réflexe naturel.
Certains conseillent de boire 2 litres par jour, en répartissant les boissons tout au long de la journée. Il s’agit bien entendu principalement d’eau, sinon du jus de fruits (non concentré), de la soupe, ou des boissons isotoniques constituent de bonnes alternatives.
Arriver bien à temps avant la plongée, permet de s’équiper calmement, et d’éviter de trop transpirer en s’équipant.
En cas de forte diarrhée ou de vomissement, faire l’impasse d’une plongée n’est pas déshonorant, et heureusement dans ces cas-là, les personnes concernées insistent rarement.
Tout plongeur doit sentir le besoin d’uriner dans les 20 à 30 minutes après sa sortie de l’eau. Son absence est un signe sévère de déshydratation et impose de boire 300 à 500 ml d’eau sans délai.
Un excellent truc pour savoir si on est bien hydraté, est de faire attention à la couleur des urines.
Plus elles sont colorées, plus elles sont concentrées et plus la déshydratation est avancée. En cas d’urines jaunes : boire deux grands verres d’eau sans tarder.
Bref, pour plonger en sécurité, il faut « pisser clair » !
À la vôtre,
Henry de Broux & Daniel Jacobs
Médecins Fédéraux Lifras