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La communauté de la plongée sous-marine vieillit.
En médecine, le vieillissement de la population signe le développement progressif de modifications physiologiques.
Celles-ci évoluent à des rythmes différents, selon les personnes, leur mode de vie et leurs facteurs génétiques. La compliance artérielle (degré de dilatation d’un vaisseau soumis à une pression) commence à décroitre à partir de 40 ans. Le cœur s’adapte moins bien à l’immersion alors que celle-ci augmente le travail cardiaque. L’avancée en âge modifie également la capacité de notre organisme à réguler ses fonctions automatiques (la respiration, la circulation ou encore la thermorégulation).
Un rapport annuel sur la plongée (référence DHM Journal 2021) a montré que la plupart des décès surviennent entre 50 et 59 ans et il est ressorti que les maladies cardiovasculaires étaient un facteur majeur. D’autres études montrent que malgré les contre-indications médicales, des plongeurs récréatifs expérimentés continuent de plonger.
En novembre 2018, 1819 moniteurs néerlandophones ont été invités à participer à une étude basée sur un questionnaire en trois parties (87% Hommes /13% Femmes). Une des parties comprenait des questions sur les conditions médicales actuelles et passées, une autre sur la médication (automédication ou sur prescription). La troisième concernait la démographie.
Environ un homme sur 5 de plus de 50 ans était en surpoids et souffrait de maladie cardiovasculaire. L’hypertension a été observée dans cette population comme dans d’autres études précédentes chez des plongeurs. Elle concernait 75% des participants. Cette pathologie préexistante est un facteur de risque de développer entre autres un œdème pulmonaire d’immersion.
Au sujet des médicaments, il y avait une part d’automédication. Les plus souvent signalés étaient des analgésiques, les gouttes nasales/auriculaires, des décongestionnants. Les médicaments sur prescription concernaient pour la plupart les maladies cardiovasculaires (antihypertenseurs et anticholestérols). Chez le sujet de moins de 35 ans, on sait que le risque de décompensation brutale est essentiellement secondaire à des pathologies héréditaires d’où l’importance primordiale de l’interrogatoire sur les antécédents familiaux.
Un examen clinique seul dans ce cas-là permet de dépister 3 à 6% des pathologies. Associé à un ECG au repos, ce chiffre passe à 60%. Les autres examens utiles dans ce contexte sont sur indication d’un cardiologue (ECG effort, etc…).
Après 35 ans, la pathologie coronarienne est nettement prédominante puisqu’elle représente plus de 80% des morts subites. L’interrogatoire, à la recherche de symptômes, de facteurs de risque cardio-vasculaires mais aussi le niveau d’entraînement moyen est fondamental.
Dans ce cas l’examen physique est beaucoup plus riche. La prise de la tension est primordiale et une biologie également (sucre et cholestérol).
L’hypertension mérite un abord spécifique en raison de sa fréquence mais aussi avec ses interactions très importantes avec la plongée sous-marine. La plongée favorise l’élévation de la tension, pas par la pression mais par l’effet vasoconstricteur conjugué au froid. De plus l’immersion augmente le retour veineux et la vasoconstriction périphérique et donc le travail du cœur. Pour les sujets asymptomatiques avec un examen clinique normal, l’épreuve d’effort ne doit pas être systématique.
Elle est indiquée dans certains groupes à risque :
Le temps est probablement venu pour beaucoup d’entre vous de prendre rdv chez votre médecin traitant ou autre spécialiste pour évaluer votre aptitude à la plongée. Il y a des facteurs qui nous échappent tous avec le temps… même si l’on plonge depuis 30 ans et plus sans aucun incident. Soyez conscient des limites de votre corps. En médecine, il n’y a pas qu’une réponse à une question. Il faut une analyse tenant compte de multiples facteurs individuels et familiaux. C’est à ce moment-là que votre praticien pourra vous orienter vers d’éventuels examens complémentaires. Ceux qui collent à votre profil. Des examens systématiques ou imposés, ce n’est pas la solution. Un ECG à l’effort est parfois inutile ou pire insuffisant et faussement rassurant. Alors, je vous invite très fortement à être honnête avec vous-même et votre praticien. Parlez-lui de votre automédication éventuelle et surtout n’hésitez pas à remplir cette table SCORE pour évaluer votre risque cardio-vasculaire. C’est utile aussi bien pour votre vie quotidienne que pour pratiquer votre passion le cœur à l’aise !
Gaëtane Maturin
Diving Medicine – Level 1
Pôle sécurité MN 316