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La syncope en apnée
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Mercredi 1 décembre 2021

Au moment où j’écris cet article, j’assiste à la séance d’ouverture des Jeux Olympiques. La devise de l’Olympisme de Pierre de Coubertin est bien : « plus vite, plus haut, plus fort ». Il est clair que cette devise ne doit en aucun cas s’appliquer à la pratique de l’apnée. 

Poursuivant ma formation d’apnéiste en complément de celle de moniteur de plongée, j’ai suivi les cours d’apnéiste de niveau 2. Je me suis évidemment particulièrement intéressé aux accidents spécifiques à la pratique de l’apnée. Je connaissais la syncope et j’ai très vite découvert la « samba ». Jusque-là je croyais qu’il ne s’agissait que d’une danse brésilienne. Il n’en est rien. C’est donc une nouveauté pour moi … Finalement cela m’a permis de revoir les principes de la syncope

Comment cela se produit ? Comment cela s’évite ? Si cela survient comment réagir ?

Voici quelques questions que je vous propose d’aborder. Voyons ensemble la samba de l’apnéiste : une perte du contrôle moteur, pour faire simple. La samba se traduit par une série de convulsions incontrôlables du corps qui s’apparente à une danse, sans perte de connaissance. Il s’agit d’une pré-syncope.

Il s’agit du stade ultime avant la syncope hypoxique, accident toxique lié à un manque d’oxygène au niveau du cerveau.

Comment cela se produit ?

En profondeur, notre organisme est soumis à des pressions importantes. Celles-ci modifient la circulation sanguine et la mécanique ventilatoire. Cette perte de contrôle risque de survenir si la pression partielle de l’oxygène est inférieure à 0,12 bar (pour rappel la pression normoxique est de 0,21 bar). Si cette pression diminue encore plus, la situation devient extrêmement critique. 

En surface, le taux de gaz carbonique se situe sous le seuil de stimulation de reprise de la respiration. L’hypoxie seule provoque la reprise respiratoire, selon Raymond Sciarli (pathologie syncopale et prévention). Il est donc question d’une sidération des centres bulbaires qui ne sont plus excitables. Après la reprise respiratoire, cette pression continue sa chute jusqu’à l’arrivée du sang oxygéné. Celle-ci peut survenir jusqu’à 20 secondes après la fin de l’apnée. Des analyses faites à l’oxymètre indiquent qu’à l’issue d’une apnée, le taux d’oxygène continue à diminuer jusqu’à 20 secondes après la sortie. Le retour à la normale intervient près de 30 secondes après celle-ci.

Ceci implique un comportement spécifique de l’apnéiste dans sa récupération mais surtout une surveillance accrue étroite longtemps après le retour en surface. Il est donc important à l’immersion de maintenir l’apnéiste sous vigilance même si et surtout si le « I’m ok » est intervenu dans un délai inférieur à ce qui est mentionné ci-dessus.

Comment cela s’évite ? 

Il est essentiel tout d’abord de suivre une formation spécifique et de respecter les règles de sécurité. Celles-ci sont évidemment enseignées par nos formateurs d’apnée Lifras. Il n’est pas autorisé de plonger seul, il faut un compagnon pour la sécurité. Un contact visuel au cours de l’entièreté de l’apnée est indispensable. L’hyperventilation même si elle permet de gagner quelques secondes d’apnée offre un risque élevé de syncope. Elle est donc à bannir des pratiques d’apnée (apnée de l’apnéiste et apnée du plongeur).

La ventilation doit se réaliser le visage hors de l’eau et donc pas par une respiration au tuba. En effet, lors d’un retour en surface avec respiration au tuba, le risque d’une mauvaise ventilation ou d’une faible reprise est évident. Pour éviter la syncope hypoxique, l’apnéiste ne réalise pas d’apnée statique en profondeur. Les efforts sont consommateurs d’oxygène et producteurs de dioxyde de carbone. Il est compréhensible qu’une limitation de ces efforts est indispensable et sert de prévention. Par heure, il est recommandé de limiter les apnées profondes (max. 6 à 8/ heure)

Il n’y a pas de lâcher de bulles en fin d’apnée. 

Les plongeurs « bouteilles » s’étonnent parfois que l’apnéiste en fin de pratique ne lâche pas de bulles alors que les moniteurs « bouteilles » insistent sur cet aspect lors de la formation.

Pourquoi cette différence ?

L’apnéiste veut optimaliser la moindre « bouffée d’air » et donc désire garder un maximum d’air pour prolonger son apnée. Même si certains, et des plus grands, prétendent qu’une apnée optimale se réalise sur un emmagasinement de 80 à 95 % maximum de son volume pulmonaire et non 100%.

Un lâché de bulles chez l’apnéiste, sauf s’il y a eu une convention avec le surveillant, peut traduire un relâchement significatif traduisant l’annonce ou la survenue d’une syncope.

Comment réagir ?

Si la syncope intervient alors que le sportif est encore dans l’eau, le lâché de bulles ou l’absence de communication doivent induire une réaction. La convention entre l’apnéiste et le surveillant doit être claire pour permettre une intervention précoce de sécurité. Lors des apnées statiques, une réponse à une action est organisée. En l’absence de réaction de l’apnéiste… la sortie de l’eau s’impose. 

En apnée dynamique, le comportement de l’apnéiste en fin de pratique est important et doit faire l’objet d’une surveillance accrue : pas d’accélération ou de ralentissement « anormal » des mouvements. En apnée verticale, la syncope n’intervient qu’extrêmement rarement en profondeur. Elle se manifeste plutôt dans les derniers mètres d’où l’obligation d’un accompagnement par un apnéiste de sécurité dans cette zone. Ce dernier largue la ceinture de lest et appose sa main sur la bouche de la victime pour éviter une entrée d’eau fortuite. Il assiste donc à la remontée en palmant vers la surface avec la victime maîtrisée. En surface, le masque est retiré du visage de la victime. Le sauveteur expire sur le visage de la victime pour le faire réagir. Si nécessaire, un bouche à nez peut être entamé. Mais dans une grande majorité des cas, la reprise de la respiration est automatique et donc le bouche à nez ne s’impose pas. La victime est extraite de l’eau et mise au repos sous surveillance. Il est important de s’entretenir avec la victime et d’expliquer ce qui s’est passé. En effet, la syncope génère la plupart du temps un black-out. Un dialogue oral avec l’apnéiste permet de diagnostiquer, en cas d’incohérence, une syncope éventuellement latente ou à venir. Si la victime fait surface auprès d’une zone de danger (bord de piscine, embarcation, ...), elle en sera éloignée sans délai pour éviter un traumatisme supplémentaire (le sur-accident). Le sauveteur pour sa part profitera d’un appui si possible, pour optimaliser le maintien en surface du syncopé.

Vous comprendrez pourquoi les apnéistes trimbalent leur grosse bouée jaune ou rouge en surface. Elle sert d’appui évidemment en plus de signaler la pratique. La surveillance est accrue jusqu’à 30 secondes après la reprise. Il est important de rappeler à la victime de bien se ventiler et de reprendre sa respiration chose qu’il semble oublier de faire. Si la reprise de syncope est retardée, il est essentiel de mettre la victime sous oxygène et évidemment s’il y a le moindre doute d’ingestion d’eau.

Tout cela s’apprend lors de nos formations d’apnéiste Lifras. Même si vous êtes convaincu d’une certaine aptitude à retenir longtemps votre respiration, il est quand même important de suivre une formation d’apnée adéquate donnée par des moniteurs aux compétences reconnues par la Commission d’apnée Lifras.

Bonnes « non » bulles.

Marc Allemeersch
S2 Lifras

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